Pour une stratégie globale en aménagement linguistique de l’Acadie du Nouveau-Brunswick

Jean-Claude Corbeil

Je tiens tout d’abord à remercier très sincèrement les organisateurs de votre colloque de l’honneur qu’ils me font en m’invitant à présenter cette conférence inaugurale.

Je n’ai pas beaucoup hésité à accepter de venir à Edmundston. L’avenir de la communauté acadienne m’intéresse de plus en plus, parce que je suis toujours convaincu que vous êtes une communauté linguistique viable, même si vous êtes plus en danger que les Québécois, et parce que la solidarité francophone doit devenir de plus en plus étroite sur le plan international si on veut vraiment que la langue française puisse faire face aux défis de la concurrence linguistique des autres langues de grande diffusion, notamment de l’anglais. De plus, je pourrai ainsi continuer les réflexions amorcées à Moncton, en mai dernier, lors du symposium en aménagement linguistique organisé par le Centre de recherche en linguistique appliquée de l’Université de Moncton, où les discussions ont été très animées et toutes centrées sur la stratégie à développer pour assurer l’avenir et l’épanouissement de la langue française au Nouveau-Brunswick.

Pour préparer cette conférence, je me suis souvenu des débats de Moncton et de toutes les informations que nous ont fournies les divers intervenants et conférenciers lors de cette réunion. J’ai aussi lu attentivement et médité les actes du forum de consultation sur la qualité du français parlé et écrit organisé par votre association dans le cadre du programme Français en tête.

J’en suis ainsi arrivé à quelques observations générales, qui nous serviront de point de départ :

Tous les aspects de la situation de la langue française au Nouveau-Brunswick et, par voie de conséquence, tous les problèmes auxquels fait face la communauté acadienne, ont été inventoriés et analysés correctement.

Beaucoup de solutions ont été proposées et explorées, avec grande attention et sain réalisme. Je dirais même qu’elles sont si nombreuses et si pertinentes les unes et les autres qu’on ne sait plus trop par quel bout commencer.

Il y a des point précis sur lesquels les divers intervenants sont d’accord. J’en dégage au moins quatre :

Enfin, dernière observation de départ, et je l’emprunte à Michel Bastarache, p.-d.g. de la compagnie Mutuelle d’Assurance-Vie Assomption, la concertation requise pour une politique globale n’a pas été entreprise. Le sentiment qu’il faut faire quelque chose est très vif, mais on ne sait plus comment s’y prendre. Une impression de fouillis se dégage de la masse des propositions émises à l’occasion du forum, comme elle se dégageait aussi des discussions du colloque de Moncton. Ce trop grand nombre de solutions possibles, toutes aussi urgentes semble-t-il, peut conduire à l’immobilité.

C’est pour cette raison que s’est imposée à mon esprit la conviction que le sujet le plus important et le plus utile à aborder avec vous aujourd’hui est celui de la nécessité d’une stratégie globale en aménagement linguistique de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.

Je sais bien qu’il y a grand danger pour un observateur extérieur comme moi à aborder ce sujet.

Chose certaine, soyez convaincus que mon intention n’est pas de me mêler de vos affaires. C’est vous qui devez décider de ce que vous voulez entreprendre, puisqu’il s’agit de votre propre avenir comme collectivité, comme individu et comme citoyen du Nouveau-Brunswick. Je suis donc assuré que vous ferez mentalement et collectivement les corrections et adaptations qu’exigent mes propos par rapport à la situation acadienne.

Mais, d’un autre point de vue, les problèmes qui se posent à vous se posent aussi à d’autres pays ou à d’autres régions, comme en Catalogne par exemple. On peut donc réfléchir avec un certain recul et une certaine assurance de ne pas dire trop de bêtises. Toutes les minorités ont ceci en commun qu’elles doivent prendre l’initiative de leur propre destin en bouleversant toujours l’ordre établi par la majorité. Ceci est vrai du Québec par rapport au Canada, ceci est vrai des Acadiens par rapport à leurs concitoyens anglophones, ceci est vrai des Amérindiens et des Inuit par rapport à la société blanche. On comprend alors que les minoritaires ont des expériences à parta-ger et un certain devoir de solidarité, ce qui me légitime de discuter avec vous de votre situation linguistique.

Je me propose d’aborder deux questions principales : quels sont les éléments d’une stratégie globale d’aménagement linguistique et quels moyens faut-il prendre pour parvenir à mettre au point une telle stratégie.

Éléments d’une stratégie globale

A travers le monde, beaucoup de spécialistes et de praticiens de l’aménagement linguistique essaient d’identifier les éléments d’une stratégie d’aménagement linguistique et de les hiérarchiser par ordre d’efficacité pour l’obtention de résultats réels et durables.

L’entreprise n’est pas simple, parce qu’il est possible de se placer de différents points de vue pour identifier et classer les éléments et parce que les situations sont toujours différentes et particulières.

Par contre, à un certain niveau de généralisation, des éléments de stratégie s’imposent d’eux-mêmes. Voici donc ceux que j’estime être les plus essentiels à l’affirmation et à la persistance d’une langue et de la communauté qui la parle. Je les traiterai en ayant à l’esprit les remarques précédentes.

L’élément le plus fondamental est la transmission de la langue d’une génération à l’autre. On peut également, par extension, y associer la transmission de l’attachement à la langue, qui se manifeste autant par l’usage de la langue que par des attitudes positives à l’égard de l’affirmation au droit d’en faire usage en toutes circonstances, en pleine légitimité et fierté. On pense peu à ce premier élément, parce que, le plus souvent, il va de soi. Mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, l’usage du catalan a été interdit pendant la dictature de Franco et les Catalans ont dû maintenir leur langue par des voies détournées, dans la famille et dans la communauté linguistique. Ils y ont réussi, ce qui leur a permis, par la suite, de réclamer et d’obtenir un statut linguistique particulier dans l’Espagne d’après la dictature. Autre exemple, plus triste celui-là : des langues amérindiennes disparaissent aujourd’hui par abandon de leurs propres locuteurs, comme dans le cas de la communauté mohawk.

En Acadie, comme nous l’avons vu tout à l’heure, des observateurs sont d’avis que l’attachement à la langue donne des signes de fléchissement. Si c’est le cas, la communauté est gravement en danger : il n’y a pas d’avenir sans persistance de la fidélité à la langue.

La transmission de la langue se fait dans le milieu familial. L’école ne vient qu’après, pour affiner la connaissance de la langue maternelle. Les attitudes par rapport à sa propre langue se forment très tôt aussi, durant l’enfance, également dans le milieu familial et dans l’environnement immédiat où grandit l’enfant. Le recours à une loi linguistique peut certainement influencer et modifier cet environnement, mais il ne peut ni remplacer le milieu familial, ni obliger les parents à changer d’attitude. Il y a donc là une question de responsabilité personnelle chez les adultes par rapport aux enfants et une question de stratégie d’animation et de soutien des adultes de la part de la communauté, pour maintenir de sentiment de solidarité culturelle et linguistique.

Le deuxième élément d’une stratégie globale est l’existence de zones d’utilisation intensive de la langue, en situation de langue principale.

Les nuances, ici, sont de rigueur. Utilisation intensive veut dire que la langue française est celle qui est normalement et le plus fréquemment utilisée dans les communications à l’intérieur de cette zone. Langue principale veut dire que l’usage d’une ou de plusieurs autres langues, de l’anglais surtout dans notre contexte, est admissible selon les exigences de la situation de communication, par exemple avec des gens de l’extérieur, mais à la condition expresse que cet emploi ne compromette pas l’usage habituel de la langue principale. La notion de zones est beaucoup plus délicate à manipuler. Elle comporte à la fois un aspect géographique et un aspect domaine d’activité. L’aspect géographique est déterminé par les divisions administratives et par la répartition géodémographique des locuteurs de chaque langue. Les domaines d’activité sont choisis en fonction de leur influence réelle sur la motivation socioéconomique de la langue. Les plus névralgiques sont : l’administration publique, les services, les médias, les documents accompagnant les produits de consommation de masse, la publicité, le monde du travail, du commerce et de la finance.

Le troisième élément est l’usage de la langue dans l’affichage public. C’est le seul aspect de la politique linguistique québécoise qui soit encore point de discorde. Il est devenu évident que la valeur symbolique de l’affichage public est énorme. C’est une application de la théorie du miroir, mélange de faits réels et de perception inconsciente et émotive des mêmes faits.

L’affichage bilingue renvoie l’image du statut égalitaire des langues. On peut vouloir nuancer l’importance relative d’une langue par rapport à l’autre dans l’affichage, comme on l’a essayé au Québec dans la loi de 1974, en disant, par exemple, que le français doit être prioritaire. Mais, dans les faits, il devient quasi impossible de décider si, oui ou non, le français est prioritaire dans telle ou telle affiche concrète : on se perd dans la théorie de la couleur, de la lumière, des lieux plus ou moins visibles, etc. Ce qui ne veut pas dire que l’affichage bilingue ne soit pas un objectif valable : par exemple, les Catalans ont mené une bataille pour obtenir l’affichage bilingue catalan/castillan, justement pour faire apparaître leur langue dans les rues de leurs villes et villages, le long des routes de leur pays.

L’affichage unilingue renvoie l’image du statut de langue officielle ou de langue principale d’une langue par rapport à toutes les autres. Ici aussi, on peut nuancer. Par exemple, la Charte de la langue française admet l’usage d’une autre langue dans une foule de circonstances, rattachées à la sécurité publique, à des activités culturelles ou économiques propres à un groupe, à l’administration publique des villes à majorité anglophone, aux services, à la tenue d’événements internationaux, etc. Mais des membres de la minorité anglophone ne le voit pas du même œil et prétendent qu’il s’agit là d’une limitation à la liberté d’expression.

Le débat n’est pas fini et il est strictement symbolique, ce qui est loin d’amoindrir son importance.

Nous arrivons maintenant à l’enseignement, à la fois enseignement de la langue française comme langue maternelle, enseignement en français des différentes matières, enseignement du français comme langue seconde.

On peut se demander pourquoi je n’ai pas placer l’enseignement en tête de liste des éléments d’une stratégie globale. La raison en est simple : comme la plupart d’entre vous, je suis profondément convaincu que l’enseignement, à lui seul, est incapable d’assurer la persistance de l’usage d’une langue. En 1970, l’Association québécoise des professeurs de français a publié un livre noir intitulé De l’impossibilité (presque totale) d’enseigner le français au Québec , titre jugé scandaleux et exagéré par plus d’un, mais suffisamment provocateur pour mettre en relief la relation étroite entre l’efficacité de l’école et l’usage de la langue dans la vie de tous les jours, notamment dans l’affichage, l’économie, au travail. Votre association arrive à une conclusion analogue, comme il ressort des actes du forum.

Le rôle de l’école est de consolider et de développer la connaissance de la langue chez les jeunes. Le devoir de l’école est de permettre aux jeunes d’arriver à une maîtrise de toutes les nuances de la langue, y compris une langue de grande qualité pour les communications écrites et parlées de style soutenu. On doit avoir à l’égard de l’enseignement du français les mêmes exigences de rigueur que pour l’enseignement des mathématiques ou des sciences. Et c’est l’affaire de tous les professeurs, dans toutes les matières. Pour la simple raison que le deuxième devoir de l’école est de développer chez les jeunes la capacité d’exprimer clairement la pensée, ce qui suppose qu’on les entraîne à structurer leur pensée et à utiliser toutes les ressources de la langue pour l’exprimer en ordre et avec nuance. L’avenir est aux jeunes qui se-ront capables de cette performance. Les analphabètes fonctionnels sont ceux qui ont l’esprit confus, parce qu’ils n’ont pas l’instrument linguistique de la pensée.

Dernier élément d’une stratégie globale : l’instrumentalisation linguistique, c’est-à-dire la mise au point de tout ce qui est nécessaire à l’usage de la langue, des dictionnaires, des lexiques, une orthographe, des logiciels dans cette langue, des manuels scolaires, une foule de choses qui correspondent aux autres éléments de la stratégie globale et qui les rendent possibles. Quand on dispose de tous ces outils, on n’y pense pas. Quand ils font défaut, on se rend compte de leur importance et de la difficulté de les produire.

Entre autre chose, l’Acadie doit régler son problème de norme de langue française par rapport au Québec et par rapport à la France. Il s’agit, en fait, de faire le ménage dans les usages du français en Acadie en triant ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas de votre propre point de vue. Ce débat est important, il touche aussi bien l’école, comme lieu d’enseignement, que tous les autres secteurs d’usage de la langue. Deux choses sont vrais en même temps : d’une part, l’Acadie a le droit strict d’être elle-même du point de vue linguistique et, d’autre part, nous devons protéger la capacité de tous les francophones de communiquer entre eux. Sur le plan de la francophonie, les attitudes sont en train de changer : tout le monde est d’accord pour accepter qu’il n’y a pas que le français de Paris, les divers accents sont aujourd’hui tolérés, demain ils seront respectés, puisque notre manie francophone de nous moquer des accents est à la baisse. Événement très symptomatique de ce changement d’attitude : les Sommets des Chefs d’État et de Gouvernement ont accepté le projet d’un inventaire de tous les usages de la francophonie, qu’essaie de réaliser Bernard Quémada avec la collaboration des linguistes de chaque communauté. Il faudrait bien que les Acadiens en soient, ce qui suppose le ménage dont je parlais tantôt.

La création d’un office de la langue est certainement une excellente mesure pour la réalisation de cet aspect de l’aménagement linguistique.

Voilà pour les éléments d’une stratégie globale. En apparence, ils se peut qu’ils soient, à vos yeux, trop abstraits. Mais chaque élément devient extrêmement concret quand on passe à la phase de la réalisation de la stratégie. Tout le problème est là, d’ailleurs : comment passer du théorique au pratique. Ce sera notre prochain point.

Modalité d’une stratégie globale

Mon intention n’est pas de traiter ce point jusqu’en ses moindres détails. Je m’en tiendrai aux modalités qui sont susceptibles d’enclencher le processus d’un aménagment linguistique global.

Un peu curieusement de prime abord, je serais porté à insérer dans les modalités d’une stratégie globale la création d’une élite économique de langue française, ultimement la création d’une économie de langue française. Nous savons tous l’importance de la langue de travail, l’importance de la motivation économique de la langue. On ne peut y arriver qu’en ayant des gens capables de créer des entreprises, type PME, ou de gérer de grandes entreprises nationales ou internationales. En économie, il n’y a pas de cadeaux, il n’y a que des places à prendre en jouant les règles du jeu.

Cependant, la chose la plus importante à faire est d’évaluer l’avenir possible de la langue française en Acadie du Nouveau-Brunswick et de le faire avec un grand réalisme, mais aussi sans crainte.

Je suis convaincu que cette démarche doit se faire en deux phases étroitement liées, mais qu’il vaut la peine de distinguer intellectuellement : une phase de consultation et une phase de création de consensus.

Pour réaliser la phase de consultation, il est nécessaire de créer un mouvement d’animation et de consultation pour que chaque citoyen et chaque groupe soient amenés à réfléchir à l’avenir possible du français au Nouveau-Brunswick et aient l’occasion d’exprimer publiquement et d’une manière très mûrie ses opinions sur le sujet. Un organisme doit prendre l’initiative de ce processus de consultation, avec un mandat, des objectifs et un calendrier précis. De plus, cet organisme doit jouir d’un prestige certain au sein de la population, à la fois par sa légitimité et par sa composition.

La discussion sera vive, du moins faut-il l’espérer. Le but final est de dépasser les opinions particulières et d’arriver à dégager des consensus généraux sur les points les plus importants pour l’avenir du français, des consensus suffisamment bien fondés, bien compris de tous, assez solidement ancrés dans la conscience de chacun pour résister à l’usure du temps et aux fluctuations politiques. Ces consensus peuvent , en même temps, servir de motivation aux jeunes, s’ils les partagent assez pour vouloir prendre la relève de leurs aînés, comme on le voit au Québec.

La consultation doit d’abord de faire au sein de la population francophone. L’organisme dont il est question ici doit être un organisme acadien. On négocie quand on sait ce qu’on veut et quand on a l’appui de ses membres, n’importe quel syndicat vous le dira.

Au terme de cette phase, on doit disposer d’un programme d’aménagement linguistique dont on pourra, ensuite, évaluer les moyens et la stratégie de réalisation.

Le recours à la politique n’est qu’un moyen parmi d’autres. Tout d’abord, le programme linguistique de la communauté doit être vendu aux partis politiques, et ce n’est pas une mince entreprise, vous le savez aussi bien que moi, d’abord de le faire insérer dans un programme de parti, ensuite d’éviter qu’il s’altère en fonction d’autres objectifs de ce parti. Si on y réussit et si on parvient à faire voter une loi linguistique, on constate alors que la loi ne touche pas, et ne peut pas toucher, tous les aspects du programme linguistique, on constate aussi, après coup, qu’une loi linguistique suit le sort de toutes les autres, soit par la contestation devant les tribunaux, soit par la fluctuation de l’opinion publique. Les consensus dont je parlais tantôt doivent être maintenus, revivifiés au besoin, l’appui collectif au programme linguistique doit se maintenir vivant et alerte, en somme l’opinion publique doit continuer à jouer son rôle de gardienne de la démocratie.

Il faut donc maintenir d’autres moyens. On peut alors revenir au rôle de l’école, mais, cette fois, dans la cadre d’une politique globale où les responsabilités de tous les intervenants sont claires et admises et où l’école n’est plus la panacée universelle. On peut aussi, alors, légitimer la création d’un office de la langue française, parce qu’on sait quel rôle sera le sien par rapport à la qualité de la langue dans une stratégie globale. Et ainsi de suite pour les autres acteurs de l’aménagement linguistique.

Quoi dire en conclusion? J’ai nettement l’impression qu’à froid, comme ça, dans une conférence, la stratégie linguistique globale a un petit air monstrueux, un peu décourageant, une sorte de porc-épic pas facile à attraper. Elle peut même avoir un petit air révolutionnaire, contestataire, par rapport à vos concitoyens anglophones. Mais on n’y peut rien, la paix sociale, ici comme au Québec, passe par une politique linguistique acceptable et acceptée, qui met fin aux ambiguïtés et qui garantit l’avenir des deux communautés. Dire le contraire, c’est jouer à l’autruche, se mettre la tête dans le sable, devrais-je dire, ici, se mettre la tête dans l’eau et se noyer.

Référence bibliographique

Corbeil, Jean-Claude, « Pour une stratégie globale en aménagement linguistique de l’Acadie du Nouveau-Brunswick », conférence inaugurale du congrès 1991 de l’Association des enseignantes et enseignants francophones du Nouveau-Brunswick, Edmundston, 1er mai 1991, Égalité : revue acadienne d’analyse politique, no 30, automne 1991, p. 185-197. [article]